35 millions de français se rendront aujourd’hui au cimetière pour se souvenir …
A la Toussaint, les familles continuent de se rendre régulièrement au cimetière. Un rite du souvenir bénéfique pour les familles et pour chacun d’entre nous. Chaque année, le cimetière est régulièrement visité à la Toussaint. Nombreux sont ceux qui viennent entretenir, fleurir et se recueillir sur la tombe de leurs proches. Sur le calendrier, la journée des morts a été instaurée le 2 novembre – le jour qui suit la Toussaint, où l’on célèbre les saints. Mais peu font la distinction. « Ce besoin rituel et familial d’honorer les défunts, de se rendre « en pèlerinage » reste toujours bien présent, quelle que soit notre foi » constate Christian de Caqueray, directeur du [Service catholique des funérailles->www.s-c-f.org]. Certes, le cimetière reste un lieu de douleur, celui du dernier adieu, mais c’est aussi le lieu du souvenir où bien des chagrins pourront s’apaiser: « cela me fait du bien de me recueillir sur la tombe de mon mari, je le sens plus proche » reconnait cette grand-mère. « Il pleure son frère qui nous a quittés mais repart plus serein » confie cette maman à propos de son fils, Eric, 12 ans.
Jean-Hugues Déchaux, sociologue, rappelle dans son livre, le souvenir des morts, que le rite commémoratif peut faire office de thérapie: « Le souvenir des morts console parce qu’il permet de réaliser que d’autres avant soi ont connu le même sort. Il permet d’éprouver une appartenance à une humanité vivante. »
Ainsi l’exprime Charles, avec d’autres mots, venu se recueillir avec Marie, sa femme, et leurs trois jeunes enfants sur le caveau familial: « C’est toujours impressionnant, ca nous rappelle notre propre finitude. Nous sommes là pour un temps. On pense à tous ceux qui nous ont précédés, sans eux, nous ne serions pas là, et nous désirons leur dire merci… » Lieu du souvenir et aussi de mémoire, c’est l’occasion pour les enfants de mieux découvrir leurs ancêtres et de les situer dans la lignée familiale; « cette année, ils sont plus grands, je leur ai dessiné un petit arbre généalogique », précise Marie. C’est aussi l’occasion de leur raconter l’histoire des personnes défuntes quand la douleur de la disparition est en partie apaisée. « Gabriele, 8 ans, était très attachée à son grand-père », remarque cette maman, et elle apprécie que nous en parlions ensemble.
Pour Christian de Cacqueray, « les jeunes générations ont besoin de cette mémoire familiale pour se construire, aller de l’avant, savoir d’où l’on vient, qui sont nos a înés, aide à mieux savoir qui l’ont est et où on veut aller» affirme-t-il. Se rendre sur ces lieux de sépulture permet le dialogue avec les enfants sur la mort et au-delà. Et pour les croyants, ils sont signe d’espérance. «Nous avons perdu un frère que nos enfants connaissaient bien. Avec simplicité, nous avons abordé ensemble le thème du corps et de la vie de l’âme, en leur redisant notre foi en la vie éternelle », confie Claire, mère de huit enfants. Mais que penser de la dispersion des cendres après la crémation, qui prive parfois les descendants de tout support de mémoire ? « La réalité peut être vécue douloureusement par les proches » remarque Marie-Hélène, en songeant à sa petite-fille qui ne conserve de son arrière-grand-père qu’un petit sachet de lavande qu’elle serre entre ses doigts.
Nathalie Pollet
Article tiré du journal paroissial de Ronchin (59)
En complément à cet article du souvenir, voici ce que le Pape François a dit aux fidèles réunis pour l’angélus, en ce 2 novembre, au sujet de la commémoration des fidèles défunts :
« Jésus nous a révélé que la mort du corps est comme un sommeil duquel il nous réveille. C’est avec cette foi que nous nous arrêtons, spirituellement aussi, auprès des tombes des personnes qui nous sont chères… Mais aujourd’hui, nous sommes appelés à nous nous souvenir de tous, même de ceux à qui personne ne pense. Souvenons-nous des victimes des guerres et des violences, de tant de petits dans le monde terrassés par la faim et la misère, souvenons-nous des anonymes qui reposent dans les fosses communes. Souvenons-nous de nos frères et soeurs tués pour leur foi chrétienne et de ceux qui ont sacrifié leur vie au service des autres ».
« La tradition de l’Eglise a toujours encouragé à prier pour les défunts, en particulier, en offrant pour eux les célébrations eucharistiques. C’est la meilleure aide spirituelle que nous puissions donner à leurs âmes, en particulier les plus abandonnées. Le fondement de la prière de suffrage se trouve dans la communion du Corps mystique… Le souvenir des défunts, le soin des sépulcres et les messes d’intentions sont le témoignage d’une espérance confiante, enracinée dans la certitude que la mort n’est pas le dernier mot sur le destin humain, parce que l’homme est destiné à une vie sans limites qui a sa double racine et son accomplissement en Dieu »