Jean Panhard nous laisse tous orphelins !
« Je me sens anormalement bien ! »
A l’aube de ses 100 ans, nous avons rencontré Jean Panhard en sa maison de Montgrolle, sur les hauts de Crécy, en compagnie de son épouse Jeanne. Et si cette dernière était la clé de son éternelle « jeunesse » …
En cette fin de mai (2013) où le soleil a persisté à s’absenter comme une mauvaise habitude depuis le printemps, c’est un chaleureux presque centenaire qui nous accueille en sa propriété, puisque ce n’est que le 12 juin (2013) que M. Panhard franchira ce cap de « Longue Existence », véritable Bonne Espérance pour nous tous.
Quand l’histoire avec un petit h rencontre celle avec un grand H …
Rencontrer Jean Panhard, c’est déjà une invitation à son voyage personnel de vie, qui est une histoire exceptionnelle en tant que telle, mais c’est aussi aller à la rencontre de l’Histoire de notre pays de France, si chère à son coeur. Na ître l’année qui précède le début de la Grande Guerre préfigure déjà une vie dans un contexte historique chaotique et bouleversant. Premier souvenir du petit garçon qu’est Jean, de la fenêtre de l’appartement familial parisien : les maréchaux Joffre et Foch sur leurs chevaux lors du défilé de la Victoire sur les Champs-Elysées, accompagnés des soldats et des grands mutilés de guerre. Avoir cette image imprimée dans son esprit, depuis un si jeune âge, donne la mesure des autres souvenirs marquants de notre hôte.
Une entreprise qui roule …
M. Panhard a été un « conducteur » important du marché automobile du milieu du XXème siècle. Il intègre la firme familiale Panhard et Levassor dès 1937, après ses études à l’Ecole Polytechnique, jusqu’en 1965, au moment de la fusion de la marque Panhard avec Citroën. Le fait que les 8000 collaborateurs de son entreprise aient été intégrés chez Citroën lui apporte encore une grande satisfaction. Ensuite, de 1965 à 1981, il dirige la Société des Constructions mécaniques Panhard et Levassor, spécialisée dans la construction de véhicules militaires.
Quand Jean Panhard évoque l’armement allemand des deux dernières guerres, l’obusier Bertha et l’avion bombardier Gotha pour la 1ère et l’avion Stuka pour la 2ème, c’est avec une grande émotion, car il avoue que ces appareils militaires avaient une efficacité de destruction importante avec comme conséquence tant de vies humaines perdues. Malgré les difficultés économiques actuelles, quelle chance avons-nous de vivre en paix !
Jeanne et Jean, pour la vie …
La paix, en 1940, elle était bien loin. Et pourtant c’est en pleine débâcle que Jean et Jeanne décident de se marier. Quelle belle espérance en plein Exode ! Mais les jeunes époux, profondément chrétiens, tous deux issus de familles catholiques pratiquantes, dans lesquelles on compte deux religieuses et un prêtre, se rappellent peut-être le célèbre passage biblique et son accomplissement. Jean épouse sa « chère promise » dans l’Allier (quel clin d’oeil, les alliés viendront plus tard libérer la France …) et pour le couple le sacrement de mariage est essentiel. Jean nous déclare que ce jour-là, il sait qu’il se marie pour la vie et l’avis est réciproque pour Jeanne. De cette union, na îtront six enfants et après bientôt 73 ans de mariage, M. et Mme Panhard sont heureux de compter 15 petits-enfants et 16 arrière-petits-enfants (sans compter les alliances) Quel beau témoignage de vie en couple ! Quel exemple d’espérance, car na ître en 1913 et se marier en 1940, il faut en avoir, malgré l’actualité du moment …
Joël et moi-même remercions Jean et Jeanne de nous avoir consacré une heure de leur soirée, malgré la fatigue compréhensible d’une fin de journée. Un conseil, M. Panhard, dans le cas où vous manquerez de souffle pour éteindre les bougies de votre gâteau d’anniversaire, privilégiez un dessert « sans » bougie ou alors aidez-vous par les autres centenaires de votre jardin, ces magnifiques chênes qui, avec leur feuillage fourni, à l’aide d’une légère brise, pourraient souffler vos 100 bougies …
Thierry BRIANE.