Lucien Guillaume nous a quittés le 24 février
« Aujourd’hui, dimanche 20 février 2011, Matthieu nous interpelle entre autre sur la vengeance et le pardon.
La Loi du talion, oeil pour oeil, dent pour dent, est toujours d’actualité. Elle est toujours officiellement de mise dans de trop nombreux pays et, chez nous, elle est encore pratiquée dans tous les domaines à tous les âges même chez les plus jeunes. Nous voulons nous faire justice nous-mêmes et étudions judicieusement les représailles. On ne peut pas laisser passer cette offense sans réagir ; on pourrait nous taxer de lâcheté et d’injustice.
Sur la montagne, le Christ harangue ses disciples et leur expose la façon de vivre son pardon : tendre l’autre joue, donner son manteau, marcher deux mille, être prêt à prêter son argent. Evidemment, tout comme nous, les disciples sont pour le moins fort surpris. Ils le seront davantage encore lorsque, sur la croix, le Seigneur martyrisé demandera à son Père de pardonner à ses bourreaux qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient.
Cette apologie du pardon est difficile à mettre en pratique car, au fond de notre coeur, nous sommes un peu choqués et pourtant chaque jour, nous demandons au Père de « nous pardonner nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».
Pour en avoir été témoin il y a 2 ans à Lourdes, je voudrais vous livrer ce témoignage. Nous avions emmené un malade qui était en fauteuil roulant par suite d’une erreur de son chirurgien. Il nous contait ses démêlés avec la justice pour obtenir une compensation financière qui, à ses yeux, justifiait sa colère à l’encontre du praticien. Quel ne fut pas notre étonnement et notre joie quand l’avant dernier jour de son pèlerinage, il nous annonça qu’il allait pardonner à son chirurgien et arrêter la procédure engagée à son encontre. C’est là un miracle de Lourdes, non pas la guérison du corps mais celle de l’âme dans la voie de la Sagesse. Nous nous sommes posé la question : Aurions-nous la force et le courage d’en faire autant si nous étions concernés ?
Ce fait remarquable n’est pas un évènement isolé à Lourdes. C’est ce qui explique, entre autres, la présence inhabituelle des malades dans un lieu de pèlerinage et pour les croyants et les incroyants ; Lourdes, c’est souvent l’image de ses malades qui est l’objet de leurs commentaires.
Tous les visiteurs n’ont pas l’occasion, si l’on peut dire, de rencontrer un tel nombre de personnes en fauteuils roulants, voitures bleues et brancards au milieu de la foule : près de 2000 sur l’Esplanade devant la Basilique du Rosaire ou présents dans les processions, notamment celle à la lumière, le soir.
Lors de son pèlerinage à Lourdes, à l’occasion du 150ème anniversaire des apparitions, le Pape Jean-Paul II fut fortement impressionné par la présence très nombreuse et la place importante tenue par les pèlerins malades et handicapés. Il y était déjà venu avant d’entrer dans son pontificat, mais sa place de chef de l’Eglise lui avait donné un nouvel éclairage sur ce que je qualifierai de « phénomène des malades » devant la Grotte de Massabielle.
Aussi le Saint Père a-t-il décidé d’associer tous ces malades de Lourdes à ceux du monde entier en instituant une journée mondiale des malades le 11 Février de chaque année.
Le choix de cette date se justifie pleinement puisque c’est l’anniversaire de la première apparition de la Vierge Marie à Bernadette. Marie, que nous prions chaque jour, est l’avocate privilégiée du malade auprès du Seigneur, l’eau purificatrice est présente à la source miraculeuse et Bernadette a été la première pèlerine malade à Lourdes.
Il est curieux mais normal que le malade soit le premier remarqué mais en second plan apparaissent ses accompagnateurs, les hospitaliers et hospitalières. Ils ont pour mission d’accompagner et d’assister le malade de son domicile jusqu’à la Grotte pour y poser leur fardeau, souvent trop lourd, de toutes leurs vicissitudes morales et physiques.
A Meaux, la moyenne d’âge des hospitaliers est assez élevée et la relève est urgente. Notre centaine de malades a besoin de vos bras, de vos jambes, de vos yeux et surtout de votre écoute, car beaucoup sont isolés physiquement et moralement. Pour être hospitalier ou hospitalière, il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances médicales développées. Il faut surtout laisser parler son coeur en étant à l’écoute du handicapé et vous découvrirez en le mettant en pratique ce qu’est l’amour du prochain. Vous aurez « réussi » votre pèlerinage lorsque vous entendrez un malade vous dire : « Je suis venu ici pour être guéri, certes je ne l’ai pas été, mais je repars avec l’espérance en la miséricorde du Seigneur »
Pour aider les moins fortunés de nos malades et handicapés à payer une partie des frais du voyage et du séjour dans les accueils à Lourdes, nous avons besoin aussi de votre soutien financier. Nous recevrons volontiers votre don dans les corbeilles qui vous seront présentées à la fin de cette messe. Soyez-en remercier par le sourire du pèlerin malade qui, grâce à votre générosité, pourra prier Marie à la Grotte ou se baigner aux piscines.
Cette année (en 2011), le pèlerinage diocésain se déroule du mardi 28 juin au soir au 3 juillet 2011 et exceptionnellement les jeunes auront un pèlerinage spécial du 2 au 8 juillet pour leur laisser passer leurs examens de fin d’année. J’ai retenu cette encouragement de notre évêque, Monseigneur de Monléon : Lourdes est le pèlerinage diocésain qui attire encore le plus de monde parce qu’il y a le mystère de Marie. Elle appelle, attire et rassemble ses enfants. C’est pour nous une grande grâce, c’est-à-dire un don de Dieu. Rappelons-nous les paroles de la Vierge à Bernadette : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours. » Et Marie est très reconnaissante à tous ceux qui répondent à son appel. Rendez-vous donc, à la Grotte, le 29 juin pour vivre l’amour du pauvre et du prochain avec nos malades rassemblés en prière.
Pour terminer, je livre à votre méditation cette phrase de Mère Thérésa : « A la fin de nos jours, nous ne serons pas jugés selon le nombre de diplômes reçus, l’argent que nous aurons accumulé ou les réalisations à notre actif. Nous serons jugés sur notre réponse à : « J’avais faim et vous m’avez nourri, j’étais nu et vous m’avez vêtu. J’étais sans abri et vous m’avez accueilli. » »