LA TOUSSAINT – TOUS SAINTS ?
Alors qu’en la mémoire des fidèles défunts, l’Eglise fait monter vers Dieu sa prière d’intercession en faveur de tous ceux qui nous précédés, la Toussaint et les autres fêtes des saints proclament les merveilles du Christ chez ses serviteurs et offrent aux fidèles les exemples opportuns à imiter ((Concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium n°111). La célébration de la Toussaint nous permet de rendre grâce pour les merveilles accomplies par la grâce du Seigneur dans le coeur de tant d’hommes et de femmes.
Mais que font-ils les saints au Ciel ? Le Concile précise qu’ils « chantent à Dieu dans le ciel une louange parfaite et intercèdent pour nous » (SC 104). Ce double mouvement de la liturgie céleste est aussi la caractéristique essentielle de toute liturgie chrétienne, c’est-à-dire tournée vers Dieu (par la louange-adoration) et tournée vers les hommes (par l’intercession). Autrement dit, l’être chrétien est un être de communion ! Mais cette communion tire son fondement dans le Christ. C’est parce qu’ils ont conformé leur vie à celle du Christ qu’ils sont glorifiés avec lui et obtiennent aux hommes par lui les bienfaits du Ciel. C’est par Lui (le Christ), avec Lui et en Lui que se réalise la communion entre les saints et la communauté en prière. Voilà pourquoi, même lorsque les oraisons sont destinées à demander l’intercession de tel saint, ou de tous les saints, elles s’adressent toujours au Père, par le Fils dans la force de l’Esprit-Saint. Nous le savons, c’est l’Esprit-Saint qui poursuit l’oeuvre de sanctification de l’humanité.
La communion des saints et leur solidarité soutiennent ainsi l’espérance des hommes dans leur marche vers la Cité céleste. Cette communion et cette solidarité s’opposent à l’autonomie du monde et de l’homme qui domine la mentalité contemporaine et qui a souvent tendance à offusquer l’espérance eschatologique dont la foi chrétienne est le garant (cf. 1 Jn 3, 2).
Dès lors, célébrer la mémoire d’un saint, fêter la Toussaint est un acte fondamental pour tout chrétien et pour toute communauté chrétienne qui se veut en marche. Oui, nous sommes tous en marche, et ces mémoires sont là pour « stimuler notre recherche de Dieu, des réalités d’en haut, soutenir notre espérance ». Et puis, « les saints nous permettent d’être instruits par rapport à notre propre voie de sainteté : en effet, il en existe de tous les types, des jeunes et des vieux, des laïcs et des prêtres, des martyrs et des personnes en services ».
Voilà pourquoi l’évocation des noms de ceux et celles qui nous ont quittés et le geste de fidélité à se recueillir près de leurs tombes (mémoire réservée en principe au 02 Novembre) devrait nous inciter à une méditation teintée de gravité. Cependant, ce n’est pas dans le but de nous enfermer dans nos sentiments, mais plutôt pour nous inviter à nous tourner vers ce qui nous attend. En effet, la sainteté n’est pas une voie réservée à une élite : elle concerne tous ceux et celles qui choisissent de mettre fidèlement leurs pas dans les pas du Christ.
Petite anecdote : Je me rappelle qu’au Grand Séminaire, chaque séminariste était invité à présenter, à une soirée, la vie de son saint patron, en soulignant surtout ce qu’il en retenait pour sa propre vie chrétienne. Ceux qui n’en avaient pas, on leur proposait d’en choisir un, en justifiant eux aussi leur motivation. Au fait, c’est là que j’ai eu la joie de choisir Antoine (de Padoue) comme prénom. Intéressant ! Bref, jour de fête et de joie, la Toussaint, comme toutes les fêtes des saints, nous inspire à travers des visages simples, divers et variés de l’histoire, une manière d’être disciple du Christ aujourd’hui, en attendant la communion parfaite avec eux dans le Royaume des cieux.
Bonne fête avec les saints !
P. Antoine DUNIA